« J'étais en colère » – Guy Turcotte
Le contre-interrogatoire se poursuivait, aujourd’hui, au procès de Guy Turcotte. Me Claudia Carbonneau a basé l’essentiel de ses questions autour de la colère que vivait le docteur à partir du moment où il a pris connaissance de la liaison amoureuse entre son épouse, Isabelle Gaston et son entraîneur, devenu ami de la famille, Martin Huot. Guy Turcotte a répondu aux questions calmement, avec une voix presque éteinte, sans jamais croiser le regard des jurys, de l’assistance ou même de son interlocutrice.
20 février 2009, Guy Turcotte se rend à la maison familiale pour s’occuper de ses enfants, puisqu’Isabelle lui a indiqué qu’elle serait absente. M. Turcotte croit bien croiser Martin Huot, puisque sa conjointe lui a mentionné, au téléphone, qu’elle «s’arrangerait», sans lui. Les conjoints, récemment séparés, avaient eu une dispute, quelques heures plus tôt, puisque ni un, ni l’autre, pouvait s’occuper des enfants.
Guy Turcotte n’a pas hésité à répondre lorsque questionné à savoir ce qu’il ferait, lors d’une éventuelle rencontre avec son rival, une fois à la maison: «je l’aurais sorti». Une question importante dans le débat, puisque rappelons que le 10 février, Guy Turcotte avait agressé physiquement le nouveau conjoint d’Isabelle Gaston. «J’ai vu l’auto de Martin dans le stationnement. J’étais fâché contre lui. C’était la première fois que je pouvais lui dire ce que je pensais. Quand je suis arrivé face à face avec lui, il tenait un café dans ses mains, dans ma cuisine. J’ai eu une montée d’adrénaline et je l’ai frappé.» Martin Huot n’a pas répliqué et s’en est tiré avec une ecchymose à l’œil.
Comme prévu, à son arrivée, la voiture de madame Gaston n’y était plus. Il décide alors d’entrer, sans sonner, n’y cognez et croise la mère des enfants, en entrant, avec Anne-Sophie dans les bras. «Qu’est-ce qu’elle fait là», fut sa première réaction. «Olivier m’a entendu parler et il est venu me rejoindre. Il m’a dit bonjour et m’a donné un bec», a-t-il indiqué en retenant tout juste ses larmes. Il aperçoit ensuite Martin Huot «Qu’est-ce qu’il fait là encore, lui?» s’est-il exclamé, en indiquant qu’il avait peine à retenir sa tristesse et sa colère.
Guy Turcotte se rend ensuite au gymnase, avant d’aller au travail. Vers 13h30, il quitte l’hôpital pour aller chercher Anne-Sophie, à la garderie et Olivier, à l’école. En route vers le club vidéo, où il allait louer des films un peu plus tard, Guy Turcotte a une conversation dès plus mouvementée avec sa femme, au cellulaire: «Elle m’a dit de ne pas passer chercher les raquettes pour les enfants, car elle avait fait changer les serrures. Elle m’a proposé de venir les porter, mais j’ai refusé. Elle m’a informé qu’elle avait appelé un avocat, pour savoir si elle pouvait le faire, parce qu’elle ne se sentait plus en sécurité. J’étais en colère, mais contrairement à ce qu’Isabelle a dit lors de son témoignage, je n’ai pas crié. J’ai seulement haussé le ton. J’ai terminé la conversation en lui disant, tu veux la guerre, tu vas l’avoir et j’ai raccroché.»
«Après avoir passé au club vidéo, je me suis rendu à la maison avec les enfants. Je leur ai mis un film et nous avons soupé en le regardant. Je n’ai pas consommé d’alcool durant la journée, n’y pris de médicaments à teneur toxique.»
La Couronne terminera son contre-interrogatoire, demain, avec la suite de la triste soirée du 20 février 2009.
Janvier 2009: la séparation
Janvier 2009, le couple s’envole pour Cancún, mais plutôt qu’être un voyage de réconciliation, ce fut le point final de leur séparation. M. Turcotte avait appris, le 15 janvier, que sa conjointe le trompait avec Martin Huot. Il décida tout de même de partir vers Cancún, deux jours plus tard, avec Mme Gaston et ses enfants, et ce, sans rien lui dire. Celle-ci a apprise, par courriel, que son secret n’en était plus un, pendant le voyage. Guy Turcotte a ensuite annoncé à ses enfants que leurs parents allaient se séparer à leur retour. Le 26 janvier, il déménageait à sa nouvelle résidence de Piedmont.
Plus tôt dans cette seconde journée de témoignage, Guy Turcotte a avoué avoir regardé des films pornos gais, à l’occasion, mais qu’il ne doutait pas de son orientation sexuelle.