«Je l'ai fait par amour et vérité » – Solange Tremblay

17 novembre 1990, Danielle Lechasseur se dit victime d’un viol à son domicile. Elle croit reconnaître Michel Dumont bien que la description qu’elle fait de son agresseur ne coïncide pas. Le 23 mai 1997, après avoir purgé les deux tiers de sa peine de 52 mois, Michel Dumont sort de prison. L’Affaire Dumont, un film de Podz basé sur l’une des plus grandes erreurs judiciaires du Québec, était présenté pour la première fois au grand écran, dimanche, au Cinéma Pine de Sainte-Adèle.

« J’ai l’impression de voyager dans le temps, c’est vraiment la vraie histoire, c’est une copie conforme, » partage Solange Tremblay, l’épouse de l’accusé qui n’a jamais cessé de croire en son innocence. « C’est revoir sa vie. Solange c’est 11 ans de combat, mais moi c’est toute ma vie parce que ça commence quand je suis tout jeune. C’est venu me chercher, » confirme Michel Dumont.

Le combat d’une vie

Mère monoparentale de trois enfants, Mme Tremblay a investi 11 ans de sa vie et 10 000 $ provenant de ses REER pour se battre contre un système en entier.

« J’ai commencé à me battre quand j’ai ils sont venus le chercher pour l’amener en prison. J’ai vu qu’il était seul au monde, j’étais la seule qui croyait en lui. Ils l’ont tous laissé tomber, même sa famille. Je l’ai fait par amour et vérité. Je le savais innocent, je ne voulais pas le laisser et je le voulais encore dans mes bras. C’est aujourd’hui, quand je vois le film, que je me rends compte de tout ce que j’ai pu faire, » explique Mme Tremblay.

Un système défaillant

Michel Dumont a-t-il perdu confiance dans le système judiciaire ? « Si tu savais comment il y a d’avocats qui nous ont soutiré de l’argent. C’est censé être innocent jusqu’à preuve du contraire, mais dans les dossiers d’agression sexuelle, on dirait que tu es condamné d’avance. En 2001, quand j’ai été blanchi par les trois juges, j’ai vu qu’il y avait aussi de la justice. J’étais encadré par Solange et par des bons avocats. »

Pas le même homme

Marc-André Grondin joue avec brio le Michel Dumont des années 90, un homme nonchalant devant la tempête qui s’abat sur lui. « Le pénitencier l’a changé. Ça va faire 15 ans et ce n’est pas le même gars. Il n’est pas patient, il est agressif et il pense tout le temps qu’on l’accuse, » confie Mme Tremblay. « Quand on est sortie du pénitencier le 23 mai 1997, on est allé chercher directement mes enfants. C’est là que j’ai su que mon gars avait été agressé. Laisse-moi te dire que ça frappe. J’ai mangé ma claque, » explique M. Dumont. « Deux, trois semaines après, on apprend que sa fille a été abusée par le fils du foyer d’accueil, » ajoute Solange.

« Supposée victime »

À sa sortie du pénitencier, Michel Dumont n’en voulait pas à Danielle Lechasseur, bien qu’elle ait avoué s’être trompée. 15 ans plus tard, sa perception semble avoir changé auprès de celle qu’il qualifie de « supposée victime » : « La justice est censée être capable de détecter s’il y a eu ou non un crime. Avec les expertises qu’ils ont, la Couronne n’aurait pas dû embarquer dans tout ça. » Les explications dans le film de Podz.

Plusieurs enjeux légaux

En 2009, Michel Dumont a accepté un règlement hors cour de la Ville de Boisbriand, qui était elle aussi poursuivie aussi en raison des agissements de ses policiers. La Ville de Boisbriand a d’ailleurs soulevé une injonction permanente pour empêcher qu’on y fasse référence dans le film.

Il s’agit là de l’un des enjeux légaux qui ont compliqué la tâche à la production, comme l’explique Nicole Robert. « Ça été un gros enjeu et une cause souci. Tout le dossier légal a pris beaucoup d’ampleur. Ce qu’on n’avait pas réalisé, c’est que quand on raconte la vie de gens qui existent, on doit avoir le plus de garanties possible que personne ne peut revenir contre nous. Il a fallu étudier de prêt toutes les lignes du scénario. Ça l’a été des moments très durs, on a eu des moments de colère intense. C’était un frein à notre créativité, mais aussi à notre désir d’être fidèle à ce qu’on croyait s’être passé. On a trouvé le moyen pour que les mots et les virgules satisfassent tout le monde. Il y a des choses qu’on aurait voulu plus souligner, mais ils sont encore là, regardez bien le film, vous en tirerez vos conclusions, » invite la productrice.

L’ONU derrière eux

Michel Dumont et Solange Tremblay sont toujours en attente du résultat de leur appel d’une poursuite de 2,5 millions de dollars au Procureur général du Québec et à celui du Canada. L’ONU a donné son appui au couple dans le dossier. L’organisme des Nations Unies affirme que les gouvernements québécois et canadiens auraient dû dédommager M. Dumont. « Ça fait dix mois qu’on a passé en Cour et ils sont en délibéré, » explique Mme Tremblay qui s’occupe toujours du dossier.

L’Affaire Dumont relate un combat judiciaire déjà bien connu, mais le film du réalisateur Podz, de l’auteure Danielle Dansereau et la productrice Nicole Robert vous dévoilera une histoire de famille, d’amour et de courage que vous n’êtes pas prêt d’oublier. À voir absolument à partir de vendredi ! Geneviève Brouillette, Martin Dubreuil, Sarianne Cormier et Kathleen Fortin complètent la distribution.

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