(Photo : AIR IMEX)
Le CRPF protège un territoire aux caractéristiques écologiques uniques.
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Les habitants des falaises

Par Simon Cordeau

Si vous regardez vers l’est, sur la 117, à la hauteur de Sainte-Anne-des-Lacs, vous verrez de grandes falaises où nichent des espèces rares et une partie du territoire protégé par le Comité régional pour la protection des falaises (CRPF).

Ces escarpements, caractéristiques de la région, attirent une variété d’oiseaux de proie. Sur les 27 espèces qu’on retrouve au Québec, 22 sont présentes ici. Gilbert Tousignant, un des administrateurs du CRPF, raconte que c’est d’abord dans une volonté de sauver ces oiseaux, et donc les falaises où ils nichent, que l’organisme est né, il y a presque 20 ans.

M. Tousignant donne l’exemple du faucon pèlerin, une espèce emblématique de la région. Celle-ci était en danger, mais est maintenant en réhabilitation. « Depuis 2010, il y a un couple de faucons pèlerins qui vient nicher à chaque année dans un des escarpements qu’on voit bien de la 117. Ils donnent naissance à des fauconneaux et repartent à l’automne. »

Derrière les falaises

Si les falaises sont importantes, il y a aussi tout un territoire derrière elles qui abrite des espèces floristiques rares et des espèces fauniques en danger, explique M. Tousignant. La chauve-souris nordique, en voie de disparition, ainsi que la grenouille des marais, la couleuvre à collier, la chauve-souris argentée et la cendrée, le pioui de l’Est, toutes en situation précaire, ne sont que quelques habitants de ce riche territoire. « Nous n’avons pas les moyens de faire un inventaire exhaustif. Ça coûterait des dizaines de milliers de dollars », avertit M. Tousignant.

L’objectif du CRPF est plutôt de protéger ce territoire de 16 km2, à cheval sur Prévost, Piedmont et Saint-Hippolyte, et la diversité écologique qu’il contient. « Actuellement, 50 % du territoire est protégé, donc c’est un travail continu. » La réserve naturelle Alfred Kelly, gérée en majorité par Conservation de la nature Canada, en fait partie.

Toutefois, le développement urbain, qui s’est accéléré ces dernières années dans la région, entoure déjà une bonne partie de cette zone. « Si nous n’étions pas intervenus, dans 10, 20 ou 30 ans, ce serait entré sur ce territoire. »

Négociations

Pour augmenter le pourcentage d’aires protégées, M. Tousignant discute avec des propriétaires. Plusieurs formules sont possibles, comme l’achat de terrains ou les dons écologiques (lorsqu’un propriétaire cède le terrain gratuitement). « L’idéal, c’est de signer une servitude de conservation. Ils demeurent propriétaires du terrain, mais celui-ci est protégé à perpétuité, en vertu d’une servitude. »

Accès au territoire

Même si le territoire possède quelques sentiers, M. Tousignant reste prudent à l’idée d’en augmenter l’accès. « Il y a plein de raisons sur le plan écologique pour ne pas favoriser l’accès. » Il explique qu’il faut d’abord protéger les habitats d’espèces en péril, les nombreux milieux humides, et assurer la sécurité des randonneurs dans un environnement accidenté, escarpé et habité par une faune sauvage.

Financement

L’organisme s’appuie sur une « armée de bénévoles » pour fonctionner. « On fait appel à des patrouilleurs, des ornithologues, des menuisiers, etc. », illustre Robert Paré, responsable des communications du CRPF.

L’acquisition de terrains est pour la plupart financée par divers organismes et les municipalités environnantes. Financer le fonctionnement au jour le jour, toutefois, est plus ardu. « Nous avons une seule employée, biologiste et coordonnatrice, depuis une dizaine d’année. La garder est un défi à chaque année. » Pour fonctionner, l’organisme s’appuie sur la cotisation de ses membres et les campagnes de financement, mais ces dernières sont plus compliquées cette année.

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