« Entre la dramatisation et la banalisation »
Par France Poirier
Légalisation du cannabis
Dans le but d’éclairer les gens sur la nouvelle réalité de la légalisation du cannabis, une conférence était proposée aux membres des organismes de mesures alternatives des Laurentides à Saint-Jérôme.
Plus de 120 personnes assistaient à la conférence de Jean-Sébastien Fallu, PH. D Psychologie. Celui-ci est professeur agrégé de l’École de psychoéducation, Université de Montréal, chercheur régulier universitaire sur la dépendance, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Ile-de-Montréal. Il est aussi directeur, Drogues, santé et société – Revue internationale sur les toxicomanies.
Sous le thème « La dédramatisation et la banalisation, une question d’équilibre », la conférence avait pour objectif d’informer sur différents thèmes, soit la consommation, des enjeux et des défis de la légalisation, pourquoi légaliser et finalement la prévention et la réduction.
Être objectif
« Il est important de savoir que les effets du cannabis ne sont pas les mêmes sur chaque personne et varient selon le sexe, l’état d’esprit, le poids et la santé », a expliqué d’entrée de jeu le conférencier. Il ajoute que souvent les gens pensent qu’il y a deux catégories de consommateurs : les abstinents et les consommateurs abusifs alors qu’il y a tout un spectre entre les deux soit les explorateurs, les consommateurs occasionnels, les réguliers et les surconsommateurs. Selon les études, 5 à 10 % des jeunes ont un problème de consommation. « Des études démontrent qu’il n’y a pas que du négatif à la consommation du cannabis; certaines personnes en retirent des bienfaits. Il faut prendre du recul pour être le plus objectif possible. La dépendance chronique n’est pas le reflet de l’expérience de tout le monde », souligne Dr Fallu.
Pourquoi devenons-nous dépendants?
Selon le docteur Fallu, la dépendance est causée par différents facteurs, qu’ils soient biologique, psychologique ou social. « Si la consommation est la solution temporaire toujours utilisée pour oublier, elle peut créer une dépendance. C’est la relation aux produits qui est à risque. Par exemple, une personne fait une ligne de cocaïne par année et une autre prend plusieurs grammes de cannabis par jour.
Adolescence et la consommation
L’adolescence est une période de grand changement, de recherche de sensation, de développement de l’identité, d’autonomie et d’appartenance, de difficultés socio-affectives et d’émotions intenses, c’est le développement du cerveau, l’importance des amis au détriment de l’influence parentale. La perception d’être cool et populaire par les pairs est très importante.
Pourquoi légaliser?
Dr Fallu soutient que le gouvernement a mal vendu la légalisation et elle a été mal expliquée. « On ne légalise pas parce que c’est bon pour la santé, mais la prohibition est pire : elle produit plein d’effets collatéraux involontaires sur toutes les sphères de la société. En étant dans l’illégalité, les personnes qui consomment n’osent pas en parler à leur médecin, elles sont stigmatisées. Il faut trouver la meilleure politique pour la légalisation et à mon avis ça passe par la santé publique », conclut le conférencier.