Des délais de traitement "inacceptables"
Par Lpbw
SIGNALEMENTS. La CSN a dénoncé mercredi matin les délais de traitement de signalement au Centre jeunesse des Laurentides qu’elle juge "inacceptables".
Dans la région, il faut attendre en moyenne 17 jours entre le traitement d’un signalement et l’évaluation, alors que la norme québécoise devrait être de huit jours, rapporte Bernard Lanthier, président du syndicat des employés du Centre jeunesse des Laurentides.
«Si les cas plus urgents sont traités adéquatement, il est triste de constater que ceux moins prioritaires comme certains cas de négligence, de troubles de comportement, d’abus et de mauvais traitements psychologiques sont souvent délaissés», déplore-t-il.
Celui-ci explique que les cas sont classés du code 1 (nécessite une intervention immédiate) jusqu’au code 3 (dois être pris en charge en moins de 72 h). «C’est trop long pour traiter des codes 2 et 3. Souvent, ils deviennent des cas prioritaires», affirme M. Lanthier.
Moins de service
Les coupes d’environ 15 M$ dans les cinq dernières années au Centre jeunesse des Laurentides ont affecté les services donnés aux jeunes. «On nous demande depuis des années de toujours en faire plus avec moins», observe le président du syndicat qui ajoute que les signalements augmentent d’année en année dans les Laurentides. Le centre jeunesse a dû mettre à pied dix éducateurs externes pour faire face à ces compressions. «Ces employés donnaient des services en milieu familial pour éviter que les jeunes se ramassent en centre de réadaptation», explique celui qui rapporte que les Laurentides sont l’une des régions les plus sous-financées au Québec.
L’automne dernier, le centre jeunesse a dû faire appel à des travailleurs du CLSC pour répondre au grand nombre de signalements. «Ils ont dû évaluer la clientèle. Mais, la majorité des analyses de signalement ont dû être recommencées parce que ce n’est pas leur spécialité de faire ça. Actuellement, il y a seulement deux agents d’intervention pour les 24 jeunes au Centre de réadaptation de Saint-Jérôme. On est au minimum opérationnel tout le temps».
Autant de fugues qu’à Laval
Dans les derniers mois, le Centre jeunesse de Laval a fait beaucoup parler de lui pour les nombreuses fugues de jeunes filles qui, des fois, tombaient entre les mains des proxénètes. La réalité des fugues n’est pas différente dans les Laurentides, qui comptent des centres de réadaptation à Saint-Jérôme, Sainte-Sophie et Huberdeau. «On a beaucoup parlé de Laval, mais on en a autant dans les Laurentides. C’est juste moins médiatisé», indique M. Lanthier qui estime qu’il faudrait «regarder tout ce qui cloche bien avant la fugue».
Selon lui, entre 100 et 150 jeunes fuguent chaque année dans la région. Au Québec, l’an dernier, 30 à 35 % des jeunes en centre de réadaptation ont fugué pour un total de 6 497 fugues (voir tableau).
Une clientèle différente
La clientèle des centres de réadaptation a passablement changé dans les dernières années, note M. Lanthier. «Lorsque j’étais éducateur, les jeunes en centre étaient des "bums". Aujourd’hui, les jeunes sont mésadaptés. Il y a de plus en plus de cas de santé mentale non diagnostiqués, non traités. Ça ne fonctionne pas à l’école et dans leur famille, donc on les envoie dans les centres», raconte-t-il. «Les cas sont tellement rendus lourds qu’on fait plus de garde que de réadaptation», ajoute-t-il.
Le portrait des fugueurs au Québec
68 % fuguent pour moins de 24h
60 % ne fuguent qu’une seule fois
18 % fuguent trois fois et plus
17 % fuguent 72h et plus
40 % fuguent lors de sorties autorisées
48 % reviennent seuls
29 % reviennent avec les policiers
Les fugues devraient augmentées de 5 à 8 % en 2015-2016
Saviez-vous que
La DPJ a reçu 86 861 signalements;
Sur les 34 693 signalements retenus, 47 % sont des cas de négligence, de mauvais traitements psychologiques et troubles de comportements sérieux;
25 % sont des jeunes de 13 à 17 ans.