(Photo : Archives)
Lion électrique a aussi été victime des retards dans la construction et la livraison des camions électriques.
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Coupures chez Lion électrique : Benoit Charette analyse la situation

Par France Poirier

Il y a moins de deux semaines, Lion électrique annonçait l’abolition de 150 postes, soit près de 10 % de ses effectifs. Cette décision avait pour but de « diminuer sa structure de coûts et d’améliorer sa capacité à atteindre des objectifs de rentabilité », avait-on expliqué par voie de communiqué.

Benoit Charette, chroniqueur automobile.

Même si la décision a été très difficile à prendre, le chef de la direction et fondateur Marc Bédard soulignait dans un communiqué que celle-ci « était la plus judicieuse pour la Société à ce stade-ci ». Nous avons discuté de la situation des véhicules électriques avec le chroniqueur automobile Benoit Charette.

« Lion a obtenu beaucoup de financement de plusieurs instances. Certaines de ces sommes ne sont pas encore entrées dans le compte de Lion. De plus, ils ont eu un  problème légal avec le fournisseur de batteries Romeo Power qui était aussi le fournisseur de la compagnie Nikola aux États-Unis. Cette compagnie a fait faillite et Nikola a poursuivi Lion. Donc c’est de l’argent qui n’est pas rentré. De plus, il y a eu un ralentissement des ventes aux États-Unis parce que son usine de Joliet en Illinois n’a pas produit à la hauteur des attentes. Les actionnaires qui investissent veulent être payés. Tout ça a fait en sorte que Lion doit faire des mise à pied pour se repositionner », nous explique le chroniqueur.

Selon Benoit Charette, Lion n’est pas en mauvaise position. « Lion doit emprunter beaucoup pour prendre de l’expansion. De plus, il y a eu des obstacles dans la progression de la compagnie. Ceux-ci ont fait en sorte que, pour le moment, on doit reculer pour prendre un élan et mieux se positionner », a-t-il souligné

Une situation que d’autres vivent aussi

Plusieurs fabricants d’automobiles ont dû revoir leurs objectifs concernant les véhicules électriques parce qu’ils ne sont pas où ils avaient prévu être, nous explique le chroniqueur. « Ford a diminué de moitié l’usine de batteries qu’ils veulent construire au Michigan. Volkswagen va faire des coupures de 15 G$ à partir de janvier dans son personnel. Tout ça, c’est parce que les véhicules n’ont pas été aussi vite que l’on croyait. Lion fait partie de cette mouvance actuellement qui doit viser des nouveaux objectifs. Il faut voir ça comme un ajustement de parcours dans les objectifs fixés au plan quinquennal », explique-t-il.

Lion comme tous les autres a été victime d’une chaine d’approvisionnement qui était défectueuse. « Il manque de micro-puces dans le monde automobile, ce qui met en retard les livraisons prévues dans les véhicules électriques. Les litiges avec les compagnies Romeo et Nikola ont mis en arrêt la production des camions de transport qui devaient avoir commencer la livraison au moment où on se parle. On n’a pratiquement rien de fait, alors ceux qui en attendaient un ne l’ont toujours pas reçu », ajoute celui-ci.

Que sera le marché en 2024 ?

Que pense Benoit Charette du marché du véhicule électrique en 2024 ? « Tout va dépendre de la situation économique et des taux d’intérêts. Actuellement ce qui ralentit beaucoup, c’est le prix des véhicules qui est très élevé et les taux d’intérêts qui sont aussi très élevés. On a déjà deux «prises» en partant. On a espoir qu’en 2024 la situation s’améliore, mais je ne suis pas un économiste. Ce que l’on sait du côté automobile, c’est qu’à cause de ce ralentissement, il commence à y avoir beaucoup d’autos chez les concessionnaires. À cause de ça, le marché va se transformer en un marché d’acheteurs plutôt que de vendeurs. Les prix vont baisser. Pour Lion, sa situation va beaucoup dépendre de la situation économique », conclut le spécialiste.

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