«La beauté, c'est quand toi tu t'acceptes» – Frédérique Dufort
Par Lpbw
La comédienne et présidente du jury Jeunesse du Prix IMAGE/in 2013, Frédérique Dufort (alias Léa dans Unité 9), a rencontré vendredi dernier les 2 300 élèves de l’École polyvalente Saint-Jérôme, pour les inviter à participer à la lutte contre le modèle de beauté unique.
La jeune boisbriannaise agit en effet depuis quelques années comme porte-parole de la campagne «Derrière le miroir», où elle s’implique face à l’épineux dossier de l’image corporelle dans le monde de la mode, des médias et de la publicité.
«Derrière le miroir» c’est comme mon bébé. J’ai assisté à la naissance de ce projet et je le vois grandir et devenir de plus en plus fort. Je veux que tous les jeunes du Québec comprennent que c’est ensemble qu’on peut faire bouger les choses. Dans notre monde, la diversité corporelle, c’est ça la vraie beauté!» affirme Frédérique Dufort.
« On veut aider les jeunes »
«Derrière le miroir» est une initiative du groupe ÉquiLibre. On veut aider les jeunes d’abord et avant tout à comprendre qu’il n’y a pas deux modèles de beauté; on veut changer ça, » nous explique Frédérique en entrevue.
«Les médias nous proposent tout le temps des modèles super minces, rachitiques, grandes et "photoshopées", ou bien tu as les obèses, mais personne entre les deux. Nous, on dit non; au contraire, la diversité corporelle c’est ça qui fait la beauté et il ne faut pas chercher à atteindre une perfection. La beauté c’est quand toi tu t’acceptes.»
«L’objectif ce n’est pas modifier le poids, ce qu’on veut faire c’est modifier les habitudes de vie.»
«Ça devient de l’anorexie»
«Avec le Prix IMAGE/in 2013 on félicite les initiatives qui veulent emboiter le pas. Des entreprises qui disent, nous, on ne retouche pas les photos, par exemple. Ou celles qui font défiler des femmes de toutes les tailles, de tous les âges,» explique Frédérique. « Avec cette campagne, on encourage les gens à être en santé et à s’aimer en santé. Pas à s’aimer à se rendre malade pour être une perfection qu’on ne peut idéalement pas atteindre.»
Dans les faits, sortir du modèle proposé qui veut que les jeunes filles soient grandes, minces, filiformes, les seins refaits et proposer un modèle de diversité. « Et on veut aussi aider les garçons. Ils veulent être super bronzés, avoir un «Six pack».
Ça devient dangereux. Ce n’est pas juste les «shake» de protéine, on parle de la créatine, des stéroïdes.»
Plus grave encore avec les filles, «ça devient de l’anorexie, elles se privent de manger ou font de l’entraînement excessif et ça devient dangereux pour la santé.»
Les parents aussi sont interpellés. « Ils doivent être capables de leur donner de bons lunchs, de bonnes bases, de les aider.Les parents ont un gros impact. Par exemple une mère pas bien dans sa peu et qui mange toujours de la salade au repas, ça n’aide pas. Et, quand l’exemple vient du parent et de l’adulte, c’est fort.» « On souhaite qu’ils soient touchés pour savoir comment agir avec un enfant, comment agir avec leur ado qui est en pleine crise de puberté.»
« Je ne suis pas un modèle de beauté unique »
Frédérique Dufort est porte-parole pour une troisième année. «J’ai l’air d’une fille super souriante, à l’aise dans son corps et je ne suis pas le modèle de beauté unique. Je ne suis pas une taille 0. Je me permets de dire que j’ai des fesses, j’ai des seins, j’ai des hanches, je me dis que je suis fière de mes courbes et c’est la différence. Il y a beaucoup de personnes qui ne l’acceptent pas. Au contraire, montre-le c’est beau, t’es belle à ta manière!»
«C’est sûr que pour moi dans les médias c’est difficile. La télévision donne dix livres de plus en partant. Quand les gens me disent tu es tellement plus mince qu’à la télé, c’est un compliment un peu tout croche. Ça peut vouloir dire : ah, il y a 800 000 personnes qui se disent que je suis bouboule ! » nous dit-elle tout sourire.
Les jeunes sont intéressés
C’est une des premières fois qu’elle fait une présentation dans une école. «On est en conférence dans toute l’école (secondaire 1 à 5). On parle du prix Imagine, on incite les jeunes à aller voter pour une initiative, jusqu’au 29 mars, sur les cinq retenues (dont le journal Métro de TC Media qui s’est démarqué par ses choix éditoriaux en lien avec la diversité corporelle, en particulier pour son dossier spécial en lien avec la Grande Braderie de mode québécoise rédigé par Jessica Dostie.)»
«Tout à l’heure j’étais avec les jeunes et j’ai rarement vu autant de visages accrochés.» Ce matin, j’ai rencontré les secondaires 3 (14 15 ans), le moment où tu doutes de toi. Il y avait beaucoup de jeunes qui m’écoutaient, d’autres qui sont venus me voir après pour me parler de leurs problèmes.
Les jugements sont encore là !» «J’ai 18 ans. Ils ne peuvent se sentir plus interpellé que par moi je suis un peu là-dedans je suis de leur âge je crois que le message passe bien. Ce qui est important, c’est ceux que ça va marquer, même s’ils sont 3 ou 4, ça va changer quelque chose. »
« Je ne suis pas dans le moule»
Et pourquoi cette implication : «Je ne suis pas dans le moule et je suis dans le milieu des médias. Je ne vois personne à qui je peux m’identifier à la télé. Alors je peux dire aux jeunes que oui ils ont un exemple. Je suis fière de l’être, je suis fière de les aider si possible et de leur dire : regardez, je ne suis pas une taille 0 et vous pouvez vous accepter tout autant.» Frédérique assiste aux conférences de l’organisme. « On a des réunions et à chaque fois j’apprends. Par exemple que 80 % d
es femmes ont déjà fait un régime et que 50 % des filles de 12 ans ont déjà essayé de maigrir et, qu’à partir de 8 ans, il y en a beaucoup qui déjà cherche à maigrir!»
«J’ai appris aussi que, malheureusement, ce n’est pas vrai que la boulimie et l’anorexie (3 % de la population) sont les plus gros problèmes, mais que les problèmes d’images et de vouloir perdre du poids atteint 70 % de la population. Il reste que ces personnes-là passent leur journée à se dire : je ne suis pas beau et je ne m’aime pas. C’est aussi grave et ça peut amener la maladie si ce n’est pas guéri d’avance.»
Pas de pilule magique
«Je ne dis pas : tu as du poids à perdre, met toi au régime, mais de faire du sport de façon saine appropriée avec équilibre. Apprends à t’accepter comme tu es et sois fier.» «Si c’est parce que tu ne bouges pas et que tu manges du fast food, changes tes habitudes alimentaires. C’est une question d’habitude de vie et non de perdre du poids. C’est une question de modération.»
«Ce n’est pas de dire : tu prends des pilules amaigrissantes et tu vas maigrir, au contraire. C’est prouvé que depuis l’apparition des pilules amaigrissantes et plus les gens font des diètes, plus il y a des obèses. On pense qu’il y a une pilule magique, qu’on a rien à faire et les gens mangent toujours aussi croche.»
Le mot de la fin ? «Tu es faite comme tu es, et tu es parfaite comme tu as été créé.»
Afin de voter pour leur finaliste préféré, les jeunes doivent se rendre au www.derrierelemiroir.ca jusqu’au 29 mars 2013. Le Prix IMAGE/in 2013 est organisé par ÉquiLibre, un organisme expert sur les questions de poids et d’image corporelle.