Mon amie se shoote à la C!
Par Rédaction
Je LÜV la vie
Annie Duranceau et Nathalie Prud’homme, Collaboration spéciale
Aujourd’hui, 13 ans après que le cancer soit apparu dans ta vie, tu es encore droite comme une barre. Tu t’accroches aux câbles d’un ring de boxe, comme une entêtée qui ne veut pas céder. Tu te croises les doigts devant ce 6e diagnostic d’un cancer incurable qui te frappe en pleine gueule! Empêtrée dans les cordages de l’arène, n’ayant plus un cheveu sur le crâne, tu veux pouvoir continuer à supporter le plus longtemps possible les effets secondaires de ta chimiothérapie, parce qu’elle stabilise tes métastases. En d’autres mots, réussir à contrôler tes souffrances, c’est un enjeu de vie ou de mort.
Le hic est que devant les acteurs de notre système de santé québécois, tes arguments sur l’accessibilité à un traitement qui réglerait le problème ne font pas le poids… Quand vas-tu comprendre qu’un simple « C’est la seule chose qui me fasse du bien » n’est pas une raison valable auprès des autorités qui ne jurent que par ce qui est scientifiquement reconnu?
Je sais, tu n’as pas le temps d’attendre des compléments d’études, ni des autorisations, ni des consensus quand tu te fais tapocher sauvagement au milieu d’un ring! Je me demande ce qu’ils attendent, les « signeux d’ordonnances » du Québec, pour t’offrir ce dont tu as besoin pendant que tu tapes les crochets de droite et de gauche sur des formulaires?
C’est sans doute parce que tu pousses ta luck jusqu’à demander d’avoir le droit de prendre part à ton plan de traitements… qu’il soit traditionnel ou un peu flyé. T’es l’auteure d’une pétition LÉGALISONS LA VITAMINE C! J’ai lu deux fois le titre pour réaliser que ce n’était pas une joke! On est rendu là, Nath? Faire des pétitions pour avoir droit à une vitamine? Câlisse!
Tu souhaites le traditionnel et le complémentaire dans le MÊME coin du ring? Toi, tu l’as compris tout de suite que tu n’es qu’un poids plume comparativement au poids lourd de ton adversaire : le criss de cancer. Ressaisis-toi et sois raisonnable, abandonne l’idée de te soulager à coup de vitamine et accepte de souffrir tabarnak!
La réalité, c’est que le match de boxe se déroule trop souvent à l’extérieur des cordes. C’est pour ça que je rigole quand le système de santé québécois veut protéger la personne vulnérable que tu es envers les choix imprudents que tu fais…
À croire que les administrateurs dotés de gros bon sens sont une espèce en voie d’extinction, menacée par l’adoption des lois et des règlements qui n’en finissent plus.
Dans une société comme le Québec où la tolérance du risque est à zéro, où on gèle systématiquement devant des initiatives, il n’y a plus personne qui a les couilles de défendre la logique. Même la bonne volonté doit être autorisée par les tout puissants administrateurs. Y’a pas de marge de manœuvre pour les courageux professionnels outsiders qui voudraient juste t’aider sans se faire ramener (rapporter) à l’ordre.
Pour défendre ton titre, soit tu engages l’ultime combat ou tu rends ta ceinture subito presto… Mais comme tu veux encore vivre, bien, assume! Soulager des souffrances, ils n’ont pas juste ça à faire les législateurs! Ils ont les recettes du pot à encaisser et des commerces de ses dérivés à encadrer. Bref, ils ont des taxes à récolter.
Tu l’as facile, toi, hein! Tu n’as aucun biais perceptif, tu n’as personne qui va t’enlever ta licence de pratique, tu n’as aucun risque de perdre tes ristournes, de te faire refuser des subventions, de te faire passer sous le nez le poste de chef de département d’un hôpital, pis t’as surtout pas de comptes à rendre à personne.
Tu auras beau leur dire qu’en Ontario les mêmes gants de boxe t’ont permis d’encaisser x nombre de rounds de plus sans problème; époumone-toi à leur répéter que tu leur signerais des consentements éclairés, des décharges de responsabilités. Tu n’auras jamais l’argumentaire assez convaincant pour qu’ils acceptent de te shooter à la vitamine C de ton vivant, Nath. Tu as le temps de te rendre au K.O. final avant que tu n’aperçoives l’ombre d’une autorisation là-dessus au Québec. Ces refus, je les qualifie de chasses gardées au nom de ta sécurité.
Je voudrais faire plus pour t’aider, mais je ne peux que t’offrir un lift en direction d’Ottawa pour te reconduire chez ton pusher de C. Maudit que ça serait plus facile d’être ton amie si tu prenais du pot! Tu ne connais pas un pusher de C plus proche, hein?
Ton amie,
Annie
P.S. J’ai mis un lien sur notre site Internet pour inviter les gens à signer ta pétition pour l’accessibilité à ta vitamine C…
www.creationluv.com/petition