En toute simplicité avec Léane Labrèche-Dor
Par France Poirier
Tête d’affiche du premier long-métrage réalisé par Anik Jean, Les hommes de ma mère, Léane Labrèche-Dor nous parle de ce projet et de sa carrière. Le film sort en salle le 4 août.
Parle-moi du film Les hommes de ma mère ?
Le film est construit autour du personnage de Elsie. C’est vraiment par les yeux et le cœur d’Elsie qu’on passe à travers ce cheminement-là. On suit les hauts et les bas et toutes confrontations, les craintes et toutes les remises en question. Ce n’est pas un film « dark ». Au contraire, il y a beaucoup de douceur et de lumière qui jaillit de tout ça. J’étais contente de pouvoir appliquer ma façon de voir le deuil. Je ne dis pas qu’il faut avoir vécu quelque chose pour le jouer, mais c’est l’fun d’utiliser son expérience personnelle avec un personnage.
Comment as-tu eu le rôle ?
J’ai passé l’audition. Anick Jean travaillait sur ce scénario depuis plusieurs années dans l’optique de le réaliser. Je ne crois pas que j’étais pressentie au départ pour le rôle. Avant que je sache qu’elle préparait ce scénario, on s’est rencontrée et on a parlé de plein de choses. On a parlé de notre rapport à l’autodestruction, le party et l’alcool. Moi quand j’ai perdu ma mère, j’ai vécu ça. Anick a vu des similitudes entre le personnage et moi. Elle m’a invité en audition. Elle voyait que je portais quelque chose en moi qui pouvait convenir dans le rôle.
Quand tu as lu le scénario, qu’est-ce qui t’a plu ?
Je voyais les opportunités d’être très humaine là-dedans. Le personnage d’Elsie, tout comme les autres personnages, n’est pas parfait et c’est bien de jouer des gens imparfaits. Quand on va voir un film, une pièce, ce qui vient nous chercher principalement c’est quand on touche une corde sensible. Si les personnages sont sans faille, ça ne nous rejoint pas autant. Personne n’est parfait.
Depuis ta sortie de l’École nationale de théâtre, tu as joué au théâtre, participé à des séries humoristiques, fait du cinéma, fait de l’animation. Si tu avais à choisir qu’un seul aspect de ton métier, quel serait-il ?
Je choisirais l’écriture parce que ça me permet de faire toutes ces choses-là. J’essaie de faire un pied de nez à ta question. Si tu me dis pour gagner ta vie tu dois choisir qu’une chose, j’irais avec l’écriture. Ça me permettrait d’aller dans différentes zones et différents médiums. Pour bien écrire, j’ai besoin de me mettre dans la peau d’un personnage. Je pourrais jouer pour moi, dans ma salle à manger, avec mon ordinateur. J’aurais le plaisir d’improviser les situations.
Si tu ne faisais pas ce métier, tu ferais quoi ?
Pour vrai, j’ai tellement d’autres options et d’autres passions. J’ai tellement d’affaires qui m’intéressent. J’aurais aimé ça être prof. J’aime beaucoup l’histoire, le français. Oui j’aurais aimé être prof d’histoire au secondaire parce que c’est un moment charnière. Sinon, prof au primaire pour voir les enfants s’émanciper et devenir des humains. Sinon, j’ai toujours eu un faible pour l’histoire de l’art, l’anthropologie et l’archéologie.
Tu es en couple avec le comédien Mickaël Gouin et vous êtes parents d’un petit garçon. Comment se passe la conciliation travail et famille ?
Pour vrai, c’est une catastrophe! On a des horaires vraiment bizarres. On essaie de s’ajuster. Si Mickaël est en tournage sur une trentaine de jours, j’essaie de prendre rien en même temps, mais ce n’est pas toujours nous qui décidons. On finit toujours par se faire prendre. On n’a pas beaucoup d’aide parce que les parents de Mickaël n’habitent pas proche. Mon père est formidable, mais il travaille plus que nous autres. Je n’ai pas ma mère. Je ne me plains pas, j’ai une très belle vie, mais on doit s’ajuster avec les horaires
Meilleure anecdote de tournage?
On a tout le temps des anecdotes, des « insides ». Chaque projet a sa « vibe ». On est un peu en camp de vacances parce qu’on arrive pour l’été et on rencontre une quarantaine de personnes avec qui on va passer notre été. C’est un peu ça notre métier. On passe deux, trois mois ensemble. Chaque projet a son énergie. Plus le projet est dramatique plus c’est niaiseux comme on dit. Plus on a besoin de faire des jokes de pet pour dédramatiser. Comme anecdote, je peux raconter que l’an passé j’ai tourné un projet, Haute démolition. Pendant le tournage, mon bébé avait toujours la gastro et j’avais des scènes dans lesquelles j’embrassais mon partenaire. Ç’a n’avait pas de bon sens. Je lui donnais des bisous et j’allais vomir tout de suite après, c’était épouvantable.
Ton plus gros fou rire: avec qui et dans quelle série?
Il y en a tellement. Je ne peux pas passer à côté du sketch de SNL Québec avec Pier-Luc Funk dans lequel on joue un couple et qu’il est un bébé oiseau. Il me vomit dans la bouche et il me prémâche sa nourriture. Ça reste dans le top trois des affaires les plus drôles et difficiles à faire. Sinon, les plus gros fous rire arrivent dans la fatigue. Des scènes simples sont quelquefois très difficiles à jouer.
Qui te fait rire et avec qui c’est difficile de jouer?
Pier-Luc Funk, c’est difficile parce qu’il a un neutre souriant. Il peut camoufler aussi un fou rire plus longtemps que quelqu’un d’autre. Il a un petit rictus dans l’œil, ça le faire rire de te faire décrocher alors c’est difficile.
Synopsis du film
Elsie, une jeune femme à l’aube de sa trentaine, reçoit un héritage inattendu de sa mère excentrique: la mission de reprendre contact avec ses cinq ex-maris. Confrontée aux dernières volontés de sa mère, elle doit renouer avec son passé et se rapprocher de ses anciens beaux-pères et aussi de son père avec qui elle a coupé les ponts depuis longtemps. Cinq hommes, cinq rencontres marquantes et inattendues. Elsie est déterminée à honorer la mémoire de sa mère, mais ce voyage changera profondément sa trajectoire, lui permettant d’apprivoiser, peu à peu, ses propres démons et d’entrer dans l’âge adulte.