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Je nous souhaite…

Par Frédérique David

Pendant que les enfants dressent leur liste au père Noël, j’ai dressé la mienne à l’intention de n’importe quel décideur de ce monde, qu’il soit barbu ou non, bedonnant ou pas, vêtu d’arrogance peut-être, d’hypocrisie sans doute, d’ambition personnelle indéniablement, de vision et d’humanisme, souhaitons-le aussi.

Des vaches au lieu des flammes

Je nous souhaite de faire parler de nos belles Laurentides parce qu’il y a des vaches en cavale sur le Parc linéaire et non des joyaux de notre patrimoine architectural qui disparaissent sous les flammes ou sous le pic des démolisseurs.

Je nous souhaite d’attirer l’attention sur les cow-boys de Saint-Tite venus en renfort pour les rattraper, plutôt que sur les bandits qui s’échangent des coups de feu dans les stationnements de nos hôtels. Certes, ça implique que les vaches de Saint-Sévère complètent un petit marathon parce que des vaches, dans les Laurentides, ça remonte à l’époque où la Ferme Molson, à Saint-Sauveur, était loin de son triste sort.

Je nous souhaite que la diversité ne soit pas réservée au seul périmètre du centre-ville de Saint-Jérôme et que nos classes scolaires, entre Saint-Sauveur et Mont-Tremblant, soient plus représentatives de la société multiculturelle qui fait la richesse du Québec.

Je nous souhaite que les conifères en bordure de l’autoroute 15 ne cèdent jamais la place aux panneaux publicitaires pour que les visiteurs ne se mettent pas à admirer des montagnes de marques et des sommets inatteignables.

Des choix plus éclairés

Je nous souhaite de mettre régulièrement de côté notre « Netflix Addiction » afin d’éviter que notre historique Cinéma Pine ne tombe dans les registres nostalgiques au même titre que l’illustre Blue Room du Domaine-de-l’Estérel.

Je nous souhaite d’acheter local plus que jamais parce que ce ne sont pas les Costco de ce monde qui seront anéantis par la récession annoncée.

Je nous souhaite d’encourager nos institutions culturelles parce que ce sont certainement celles qui se relèveront le plus difficilement de cette période économique difficile.

Une conscience sociale

Je nous souhaite des gestionnaires plus humains face à l’impatience programmée des jeunes qui ont compris mieux que nous, en réalité, que le plaisir au travail a bien plus sa place que la résilience soumise à des règles vides de sens.

Je nous souhaite des promoteurs avec une conscience écologique et sociale assez forte pour investir dans la construction de logements à prix abordables sur des terrains non sensibles.

Je nous souhaite des propriétaires qui ont à cœur d’offrir des loyers qui n’exigeront pas des mères monoparentales qu’elles aient à choisir entre le chauffage et la nourriture sur la table.

Je nous souhaite des institutions qui travaillent moins en silo dans un but écologique et humain parce que ça n’a pas de sens qu’une enseignante qui vit à Sainte-Sophie et enseigne à Sainte-Adèle ne puisse pas changer de centre de services scolaire sans perdre son ancienneté, tout comme celle qui vit à Val-David et enseigne à Saint-Jérôme.

Je nous souhaite des institutions aux pratiques plus humaines parce que ça n’est pas acceptable qu’une infirmière monoparentale soit obligée de faire régulièrement des heures supplémentaires ou qu’une enseignante se démène seule avec des élèves qui l’insultent et lui lancent des chaises. En contexte de pénurie, il faudrait peut-être songer au bien-être des employés en place avant de songer à faire revenir des retraités au prix fort!

Je nous souhaite des institutions qui offrent des conditions de vie plus adéquates aux usagers parce qu’on ne peut pas continuer d’exiger d’un malade chronique qui a perdu son emploi de payer chaque semaine le stationnement pour recevoir ses soins et d’offrir des menus dans les hôpitaux qui sont à des années-lumière des recettes les plus appréciées de Ricardo.

Je nous souhaite que les élus qui font l’apologie de la sobriété n’aient pas l’indécence de vivre dans des palaces dignes de Louis XIV.

Et du bonheur aussi!

Je nous souhaite de militer ou de revendiquer une autre liberté que celle du chacun pour soi.

Je nous souhaite des mains tendues ou des sourires à la place des doigts d’honneur collés à l’arrière des véhicules.

Je nous souhaite aussi beaucoup d’adolescents autour de nous pour triper raide à faire des vidéos en sautant sous la pluie dans un « one piece » vert fluo sur une musique d’Hubert Lenoir. Parce que ça prend de la légèreté dans ce monde de fou!

 

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