Sophie Gilbert et Benoit Larocque du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL).
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Les membres du ROCL craignent le phénomène de déversoir

COUPES. Le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) a rassemblé les représentants des organismes du sud de la région, pour une deuxième étape de la préparation des états généraux prévus en mai prochain. Les impacts des coupures successives dans les services publics font craindre que le phénomène de déversoir, ne submerge les activités et la mission première de chacun des organismes.

Les organismes vivent depuis un an ce phénomène de «déversoir», selon les témoignages de la plupart d’entre eux. La réduction des ressources dans les services publics laisse de plus en plus de personnes sans recours, souvent en situation de détresse qui n’ont d’autres choix que de cogner à la porte des organismes communautaires.

«Nous ne pouvons pas abandonner les personnes ou refuser de leur apporter un minimum d’aide. Les travailleurs de rue se voient obliger de chercher un logement pour une personne, prendre en charge une personne à sa sortie de l’hôpital, accompagner une autre en fin de vie ou d’autres interventions qui ne relèvent pas du tout de notre mission…», explique une travailleuse de l’Écluse.

Les organismes communautaires appréhendent de devoir donner des services pour lesquels ils n’ont pas de ressources ni de compétences. «Nous craignons d’être forcés d’assumer des mandats professionnels pour lesquels nous n’avons pas de ressources ni la formation…nous sommes déjà dépassés par la demande depuis la dernière année, nous dévions de notre mission pour aider les personnes même au niveau alimentaire…Alors que se passera-t-il après les nouvelles coupures du gouvernement?», questionnent les intervenantes.

Hausses de la clientèle

Les hausses de la clientèle ont varié de 18 à 30 %, au cours de la dernière année et en seulement six mois pour d’autres, sans soutien ni ressources supplémentaires. «Les intervenants ne peuvent intervenir auprès des jeunes, avec 30 à 75 jeunes présents, on ne peut faire que de la gestion de plancher…Nous ne pouvons pas remplir notre mission», explique-t-on à la maison des jeunes Sodarrid de Boisbriand.

Le Centre d’Entraide Thérèse-De Blainville doit de son côté accueillir une vingtaine de personnes et de familles supplémentaires chaque semaine, «nous n’avions déjà pas suffisamment de ressources, la faim augmente…nous le voyons chaque jour», affirme Danielle Bilodeau.

Les membres des organismes estiment qu’elles ne peuvent laisser la situation se détériorer et ce dans tous les domaines, «on parle de persévérance scolaire, oui …nous devrons abandonner des enfants, des jeunes et des parents, parce que les élus et la population en général ne se rendent pas compte que ces coupures ne feront qu’empirer les choses dans un proche avenir…Des enfants et des jeunes sont rejetés par le système scolaire parce qu’on coupe des ressources, par le réseau de la santé parce qu’on coupe des ressources, alors on va où et comment on les aide?», s’indigne Nathalie Pelletier de l’organisme Panda.

Faire le point et avancer

On dénonce du même coup que les gestionnaires notamment du réseau de la santé, agissent comme si les mesures du gouvernement Couillard étaient déjà en vigueur, «la loi n’est même pas encore adoptée, en ce qui concerne la réorganisation du réseau…c’est seulement le 5 décembre, tout est en marche alors que nous n’avons même pas le temps de réfléchir».

Le ROCL a toutefois réussi à obtenir l’engagement pour cinq ans de l’Agence de la santé et des services sociaux, une demande refusée lors de la séance du conseil d’administration du 5 novembre. «Les pressions exercées ont toutefois mené à un retour sur cette décision, on nous a avisé le 17 novembre que le Cadre régional du Programme de soutien aux organismes communautaires serait reconduit au conseil d’administration de décembre», a précisé Sophie Gilbert.

Au cours de la semaine, le ROCL tenait ces rencontres dans trois secteurs de la région des Laurentides. «L’objectif de cet exercice amorcé depuis un an est de voir où nous en sommes comme mouvement. D’abord issus d’organisations charitables, religieuses ou syndicales, les organismes communautaires se sont développés et son devenus autonomes à partir des années ’80. En 2014, nous considérons que nous sommes à la croisée des chemins. Les états généraux visent à faire un portrait de notre réalité, à réaffirmer notre identité et à identifier des pistes d’action pour l’avenir», a conclu Benoit Larocque du ROCL et membre du comité national.

Une cinquantaine de membres des organismes communautaires des Basses-Laurentides ont participé à cette journée sur les États généraux des organismes communautaires prévue en mai à Montréal.

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