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La bonne et la mauvaise nouvelle de Pierre Karl Péladeau

VICTORIAVILLE. Devant une centaine de partisans réunis au bar O’Connell jeudi, Pierre Karl Péladeau avait une bonne et une mauvaise nouvelle à partager. Il reste trois ans et demi avant le prochain scrutin, ce qui constitue un long délai dans l’opposition, mais ce qui offre aussi du temps pour «parler», pour «démystifier» la souveraineté du Québec, soutient-il. «Nous n’en avons pas suffisamment parlé durant la dernière campagne, peut-être par manque de courage. Nous allons être prêts, préparés pour le prochain scrutin.»

Favori dans cette course à cinq pour la succession de Pauline Marois, Pierre Karl Péladeau a parlé pendant près d’une heure à une centaine de militants réunis par l’exécutif du Parti québécois d’Arthabaska.

À l’unanimité, a rappelé son jeune président Maxime Gagnon, l’exécutif de l’association péquiste d’ici a appuyé le député de Saint-Jérôme en raison de sa volonté de mettre l’accent sur la souveraineté et de la clarté de son discours économique. En entrevue avec les journalistes après sa conférence, Pierre Karl Péladeau dit avoir accueilli avec «honneur» l’appui de l’exécutif du Parti.

Tout au long de son discours, M. Péladeau a parlé de souveraineté et, puisque «madame a dit indépendance, on va dire indépendance!», reprenant le mot d’une dame de l’auditoire. Et il a souri lorsqu’un homme d’affaires de Drummondville lui a lancé «t’es le prophète qu’on attendait».

Le Québec a tout ce qu’il faut

Il a passé par l’histoire, par la culture, par le droit, par la politique et, bien sûr, par l’économie, même par son parcours professionnel et personnel, pour dire que le Québec a tout ce qu’il faut pour devenir un pays, capable de maîtriser son économie. Aux yeux de l’homme d’affaires, le Québec s’enrichira s’il devient indépendant parce qu’il contrôlera tous ses leviers. La souveraineté doit être économique, culturelle, énergétique, fiscale, populaire, ajoute-t-il.

Il dit sentir, chez les militants, un «réveil, une renaissance» de la volonté d’indépendance. Il les invite à surveiller de près ce qui se passe ailleurs sur la planète, évoquant les cas de Barcelone, de la Catalogne, de l’Islande, même de l’Angleterre qui commence à manifester sa volonté de quitter la communauté européenne.

Il parle du «périmètre fédéral», du pouvoir «émasculé» du premier ministre québécois Philippe Couillard. Certes, dit M. Péladeau, «l’assainissement des finances publiques doit se faire, mais avec modération». Il déplore la disparition des centres locaux de développement qui soutiennent et accompagnent les jeunes entrepreneurs, le transfert des entreprises. Les mesures du gouvernement libéral ne créent pas de richesse, celle qui permet de maintenir le filet social caractérisant le Québec, soutient le député péquiste. Il préconise aussi de légiférer pour endiguer le phénomène d’accaparement des terres agricoles.

Des missions

Des partisans lui ont confié des «missions», des «obligations» s’il devient le chef du Parti québécois en mai prochain.

Gilles Morin, un militant de la première heure, ne lui a pas reproché d’avoir lancé son «en français s’il vous plaît!» lors d’un spectacle à Rouyn. Il lui a demandé de tout faire pour protéger le français, «ce qui nous distingue aussi».

Prenant la peine de s’identifier comme syndicaliste, Rolland Simoneau s’est adressé à l’actionnaire de contrôle de Quebecor en lui demandant de rassembler les forces souverainistes.

M. Péladeau s’y attellera, promet-il, ajoutant que selon les derniers sondages, il pourrait se rallier une bonne partie de la clientèle électorale de la Coalition avenir Québec. «Quand on tape sur des casseroles, ça effraie un peu de monde!», a-t-il déclaré, faisant allusion à la cuisante défaite du Parti québécois il y a près d’un an. Si le Parti québécois remet la souveraineté à son ordre du jour, il pourrait aussi rallier l’Option nationale et beaucoup de souverainistes de Québec solidaire, croit encore M. Péladeau. «Et il y en a au Parti libéral qui sont déçus du gouvernement actuel et du fédéralisme.»

De gauche ou de droite?, lui a-t-on demandé en entrevue après son allocution. Ces «étiquetages» sont simplistes et étroits, répond-il, ajoutant qu’ils ne sont plus significatifs, qu’ils polarisent plutôt. Par leurs mesures, les socialistes français sont-ils de gauche ou de droite?, pose-t-il comme question.

À ces journalistes et chroniqueurs qui soutiennent qu’il entretient le flou sur son programme, pire, qu’il s’applique à une «insignifiance délibérée» (Le Devoir), M. Péladeau répond «à chacun son métier!». Les journalistes et chroniqueurs ont beau dire, mais que la course à la direction est longue et que c’est lui qui décidera comment il la mènera et quand il annoncera ses mesures.

L’important pour lui est d’aller à la rencontre des militants à qui il s’adresse par trois moyens, par des assemblées, par les réseaux sociaux où il rédige ses messages et lit ce qu’il reçoit ainsi que par les médias conventionnels.

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